Jeudi, jour d’arrivée de Timothée. Edgar s’est rendu à
Richmond et je l’ai accompagné.
Nous sommes partis vers 10 heures juste après le Smoko « See you soon Amélie ! ».
Sur
la route Edgar roule à une vitesse effrénée : 110 km/h sur des chemins de
sable. Le bolide vole sur les bosses. On parle. Je lui pose des questions sur
tout ce qui nous entoure : la faune, la flore, les habitants, le rapport
qu’il a avec les gens du Bush, de Lara, l’autre Cattle station qu’il possède.
Entre deux forêts,
des paysages aux allures de prairie se dessinent à perte de vue. De l’herbe
jaune brunie par le soleil et le manque d’eau de la « dry season » (saison
sèche) agrémentée de quelques arbres éparpillés.
Pourquoi ce changement
soudain ? Edgar m’explique. Ces étendues viennent tout droit de la main de
l’homme, de gros bulldozers ont rasé les arbres qui s’y trouvaient pour laisser
place à des prairies. Chaque année, même refrain l’Homme stoppe la nature
rebelle.
Pour les Beef
produceers cela a un double avantage : une quantité d’herbe plus
importante pour les vaches et plus d’espace.
Cette beauté d’apparence naturelle
m’est tout de suite devenue moins agréable à regarder. Elle était pour moi,
devenue le symbole de la destruction des équilibres naturels.
Mais les choses changent,
et les quelques arbres présents sont le signe d’un renouveau. Depuis le
protocole de Kyoto, toutes ces prairies aux alentours de Mount Norman sont
passées à l’état d’espaces naturels, il est donc maintenant interdit de raser
les arbres.
C’est un grand pas en avant concernant la sauvegarde des espèces qu’elles
soient animales ou végétales. Doucement, la nature reprend ses droits et les
paysages reprennent leur allure d’antan.
Cependant, de telles mesures aussi bénéfiques soient-elles pour l’environnement
ont provoqué ventes et faillites. Les farmers du Bush, alors que cette mesure
impactait leur espace et donc leur rendement, n’ont pas reçu d’aide de l’état...
Et ce n’est pas un cas à part.
J’aimerai citer Pierre Rabhi qui avait écrit dans son livre Manifeste
pour la Terre et l’humanisme :
« La survie de l’espèce
humaine ne pourra se passer de l’intégration de deux notions fondamentales :
le respect de la terre, comme planète à laquelle nous devons vie et dont nous
ne pouvons-nous dissocier, et l’avènement de l’humanisme seule perspective
capable de donner un sens à l’histoire de l’humanité ».
La protection de l’environnement est importante certes, mais l’accompagnement
des « victimes » de certaines lois l’est aussi, je pense.
Quelques mètres avant l’entrée en ville, Edgar se met sur le
bas-côté. Il attend quelques secondes et…met sa ceinture ! Comme je
l’avais mise dès le départ la question ne se posait pas pour moi. Ici c’est
la ville et ville=police donc on met la ceinture, « Pas envie d’avoir à
payer encore une fois ! » marmonne le vieil homme =) Ok Ok!
Arrivés à Richmond, nous passons par différents
commerces : la poste, le supermarché, la librairie, le mécanicien, la
banque, la croix rouge…Pas une minute de répit. A chaque fois Edgar me
présente, les Australiens me font de grands sourires et me posent des
questions.
Il faut que je vous
parle de la croix rouge. C’est LE magasin shopping de la ville ! Tout le monde s’y
rend. L’espace est répartie en plusieurs pièces : une grande pour les vêtements
et chaussures femmes, une autre de taille équivalente pour les CD et DVD, enfin
une plus petite (de la taille d’une salle de bain) pour les vêtements hommes.
Edgar vient ici pour récupérer des sacs de vêtements usagers lesquels seront
destinés au nettoyage des mains
généralement couvertes d’huile ou de peinture lors des après-midis au
shed.
Pendant que le farmer part chercher ses sacs, une des bénévoles vient me
voir.
Cette dame d’origine
asiatique est adorable, souriante et bavarde. Arrivée depuis deux ans à Richmond elle ne quitterait cet endroit pour rien au monde. "On s’y sent bien,
tout le monde se connait et la confiance règne".
En effet, la confiance règne…Les voitures garées sont toutes
ouvertes en grand, les gens laissent les clés à l’intérieur et même leur sac.
C’est une autre manière de penser. Je vous avoue que lorsque je quitte la voiture
je prends toujours mes affaires, cela
amuse Edgar =)
Midi. On mange dans le seul endroit où il est possible de
grignoter quelque chose : un restaurant fast-food. Edgar est un habitué,
les vendeuses savent d’avance ce qu’il va prendre. Nourriture indescriptible !
Même Edgar ne sait pas ce qu’il ingurgite ! « Ça nourrit » me
dit-il. Une bouteille de ketchup fait le tour du restaurant. Les gens en
asperge tous leurs aliments… Pour cacher le goût ? Vu la quantité, je me
le demande ! Du fait de mon régime alimentaire impossible de manger
quoique ce soit, je me contente donc du Smoko pris à 10 heures.
Edgar me fait lire le journal, on divague sur d’autres conversations et notamment l’accent Australien. On a des fous rires !
Surtout sur le fait que les Australiens coupent tout le temps les mots. Ainsi
le « How are you going ? » (Comment allez-vous ?) devient
un genre de «oayougoin », le « Good Day » (bonjour)
« Gooda » et quand un
Anglais arrive avec son accent parfait les Australiens aime le taquiner « You
are in the Bush, man ! ».
Kangourou!!!! =D |
13h35- un bus arrive. Nous sortons. Un garçon un peu perdu
sort du bus. Il s’agit de Timothée. On lui prend sa valise et on se met en
route. Content d’être arrivé après une dizaine d’heure de bus, il s’émerveille
devant les paysages de toute beauté.
Bienvenu Timothée ! Bienvenu dans le Bush et ses
routes sans fin, son soleil infini et ses
kangourous! Tu prendras vite j’en suis sûre, le goût du sable, de l’espace et tu
connaîtras bientôt toutes les sensations qui nous entourent si difficiles à
décrire mais tellement appréciables…
Bon weekend !
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