26 juillet 2014

Le Muster est fini!

Le Muster est fini, les vaches ont été envoyées dans un camion ce matin, direction l’abattoir. Je cherche les mots pour décrire ces 14 jours uniques. 

Camion venant chercher 130 vaches: immense!!!
Étrangement c’est un exercice difficile, rien ne me vient.

Est-ce par manque de recul ? Est-ce le nombre de choses impressionnantes et nouvelles que j’ai pu réaliser en l’espace de seulement deux semaines? Est-ce la notion du temps qui m’échappe ? Je me le demande.
Tout ce que j’ai vécu se bouscule dans ma tête.

Une partie du Cattle Yard vu d'en haut
Tous les jours de la semaine -dimanche compris- nous étions dans un flot continu de vaches énervées, de voitures aux tôles cabossées, d’engins bruyants, de bruits de toute sorte, de poussière, de gens continuellement en activité, à courir de tous les côtés. Des matinées entières en quad à faire avancer le bétail, des allers retours par dizaine entre la maison et le Cattle Yard. Un chaos organisé.

Ces deux semaines furent extraordinairement riches:

-en émotions : de la peur, de la joie, de l’adrénaline…
-en véhicules : quad, 4X4, camion, télescopique, hélicoptère...



Vive l'hélicoptère!!!
-en expériences : le draft, les vaches en furies, les coups de cornes, le marquage des veaux, l’intervention du vétérinaire, la pesée des vaches, le bouclage de celle-ci, le chargement et déchargement des ballots de foin, des sacs par dizaine à donner aux vaches, le maniement du fouet (Merci Adam!!) …

Le fouet!!!
Tim au milieu des weanners =)
Nourriture pour les weanners
-en rencontres: Adam le fils d'Edgar, Sylvain le backpacker, le pilote de l'hélicoptère, la vétérinaire...Des gens que je n'oublierai pas.

Et plein d'autres choses!
Photo non truquée!!!
Tout cela est difficile à expliquer, à décrire et est passé à une vitesse défiant toute concurrence.

En fait c’est une expérience à vivre… tout simplement.


Oui, le Muster est fini. Déjà.

A bientôt!!! =D

20 juillet 2014

Le Muster

De la poussière, de la transpiration, du mouvement continu, des vaches qui chargent, des cris, des quads, un hélicoptère….Bienvenue dans la période du Muster ! Depuis Lundi, un des moments les plus importants de l’année a commencé. 

Le Muster est  le regroupement des bêtes en un endroit clos appelé le Cattle Yard. Il s’agit d’un labyrinthe de fer constitué de paddocks où les vaches sont cloisonnées et triées.
Pour les 3000 têtes présentes sur l’exploitation cela prendra environ deux à trois semaines.

Tout commence au niveau du rapatriement des vaches. Run par run nous récupérons en quad les troupeaux afin de les mener au Cattle Yard. Cela prend généralement une matinée pour 400 têtes.
Une organisation particulière se met en place. En effet, la distance sur laquelle s’étend les bêtes fait quelques kilomètres de largeur, il est donc nécessaire de posséder des machines rapides et qui passent partout : les Quads, trois en tout, font des aller-retours entre les arbres et les barrières pour être sûrs de n’oublier aucune vache. Les engins forment une ligne droite et avancent ensemble afin que les vaches ne reculent pas. Vue la distance, il est certain que certaines d’entre elles passent entre les mailles du filet, soit parce qu’elles sont cachées, soit parce qu’elles se rebellent et nous foncent dessus ! Dans ce cas nous n’essayons pas de les défier car elles peuvent devenir agressives.
 A chaque passage de clôture un des Quad ouvre les portes et dirige les bêtes vers celles-ci ; les deux autres restent en retrait, maintiennent le troupeau en place et ferment les barrières.
Pour les faire avancer, seule la menace d’un quad suffit : nous faisons ronfler nos moteurs et semblant de leur foncer dessus.

Une autre manière de rapatriement est aussi pratiquée à Mount Norman, elle se fait à l’aide d’un hélicoptère. Celui-ci a une vue beaucoup plus importante de la propriété et de la position des vaches. En se mettant à leur hauteur il les chasse vers la direction souhaitée grâce au vent provoqué par l’hélice. Je suis montée dedans, et c’est impressionnant !!!! Une très bonne expérience, ce fut absolument fantastique comme vous pouvez l’imaginer, là-haut c’est un tout autre angle de vue qui s’offre à nous.
Pendant le vol, j’étais émerveillée, je le remerciais au moins une quinzaine de fois de m’avoir prise et les seuls mots qui sortaient de ma bouches à ce moment furent : c’est merveilleux, c’est fantastique, que c’est beau, merci, merci, merci !!!!
Un moment que je n’oublierai jamais je peux vous l’assurer !
Le seul problème de l’hélicoptère est que sa location coute chère, il ne sera présent que pendant 4 jours au total.



Le voyage est  fatiguant pour les vaches. De temps en temps nous prenons des pauses près des abreuvoirs pour qu’elles puissent se poser et souffler un peu. Pour nous, il n’est pas non plus de tout repos : il faut être à l’affût du moindre écart de la part des bêtes, être très attentif pour voir les vaches qui se mettent derrière les arbres et regarder en arrière pour vérifier si aucune n’a été oubliée. De plus, entre celles qui courent, les quads et le vent, la poussière est partout ! On en mange par paquet : nos habits, notre peau et nos yeux en sont incrustés.


Une fois arrivées dans le Cattle Yard, les bêtes sont rassemblées dans un même paddock (1) et vont être draftées (sélectionnées).
Pour cela, nous les faisons avancer par groupe de 100 environ. Nous rentrons dans le premier paddock (1), les guidons vers le suivant (2) et ainsi de suite (suivre les flèches) en fermant bien à chaque fois les barrières dernière nous. 



C’est assez impressionnant de se retrouver au milieu de ce flot de vaches, énervées et prêtes à charger. Le but pour nous : bluffer les vaches, leur faire croire que nous sommes plus forts qu’elles alors qu’il suffirait d’un coup de corne pour être à terre. Déjà plusieurs backpackers ont été blessés et emmenés à l’hôpital, foie explosé, tibia cassé… Il faut donc faire extrêmement attention et monter sur les barrières le plus vite possible afin d’éviter tout contact avec elles.
MAIS je tiens à signaler qu’Adam NE NOUS OBLIGE ABSOLUMENT PAS A ALLER DANS L’ARENE, « Vous y allez si vous le sentez » nous répète t’il souvent. C’est un choix.

Une fois avancés au niveau du couloir les bovins sont triés : les vaches, les taureaux , les veaux, et les weanners (jeunes vaches et bœufs) seront séparés les uns des autres, cloîtrés dans différents paddock.

Leur destination :

Les vaches sont pour une partie envoyées dans les abattoirs, pour une autre remises dans la station ou renvoyées chez le voisin.

Les taureaux, s’ils sont encore en forme retournent au grand air : ils serviront pour la reproduction, s’ils sont trop vieux subiront le même destin que les premières vaches.

Les weanners seront envoyés à Lara, l’autre ferme d’Edgar, afin de les engraisser et de les vendre.


Les veaux quant à eux seront marqués au fer rouge, percés au niveau de l’oreille, vaccinés, castrés (seulement pour les mâles) et les cornes sont brûlées. Cela leur fait un peu mal c’est vrai. Certains en entendant le cri des autres ne veulent pas avancer. Mais dans l’ensemble cela se déroule très rapidement et une fois toutes ces étapes passées ils s’en vont rejoindre leur maman. 




Ainsi, le Muster est une période qui va du rapatriement des vaches au niveau du Cattle Yard jusqu’à l’envoi des vaches dans un camion. C’est l’occasion pour les Beefs producteurs de savoir comment vont les vaches, de marquer les petits pour la traçabilité et de compter toutes les têtes.




Depuis une semaine nous travaillons beaucoup et les journées sont bien remplies. C’est absolument génial !!!!

J’espère qu’à l’issu de cet article vous aurez mieux compris le but et le fonctionnement du Muster, si vous avez des questions n’hésitez pas à me contacter par mail, j’essayerai de vous répondre dans les plus brefs délais.


Bonne journée!!! =D

13 juillet 2014

Quad! =D

Le weekend est déjà arrivé, le temps file à une vitesse improbable…Hier, cela faisait tout juste un mois que j’avais débarqué sur le sol Australien... Quand je prends de la distance face à ce que je vis, je me rends compte à quel point c’est une aventure extraordinaire à tout point de vue.
Un mois de joies, de peines, de sport, de lectures, de vaches, de lettres, d’articles, de prières, de temps pour soi et pour les autres, de travail …de Vie !

Ici il est 7 h 48, le générateur ne fonctionne pas encore. Aucun bruit ou presque, c’est calme… Seul le celui des pas d’Amélie résonne sur le plancher. Quelques oiseaux chantent et animent comme tous les matins mon réveil. De ma fenêtre, j’aperçois quelques kangourous qui sautent dans la forêt encore endormie. Il fait froid, je suis sous mes trois couvertures dont l’une remonte jusqu’à mon menton.
Je repense à la journée d’hier, Samedi.

Edgar nous a parlé d’un Koala qui, le long du fleuve asséché, vit sa petite vie à la cime des arbres. Nous étions ravis de l’apprendre et nous sommes partis à sa recherche. Mais l’exercice s’est avéré plus compliqué que prévu. En effet,  d’une part le fleuve s’étend sur une longue distance et d’autre part ses rives sont difficiles d’accès. Il est impossible d’y arriver en voiture car la surpopulation d’arbres nous bouche le passage. De plus, marcher à travers les herbes hautes, slalomer entre les buissons et contourner les fourmilières devenait très vite compliqué et prenait surtout beaucoup de temps.
C’est ainsi qu’un soir, nous avons demandé à Edgar si nous pouvions emprunter ses Quads le temps de quelques heures afin d’explorer un peu plus en profondeur Mont Norman et de chercher par la même occasion le fameux Koala de la station.
Sa réponse a tout de suite été positive !


Le nombre de ces engins s’élève à 4 dont un est en maintenance. Le compte parfait pour Amélie, Timothée et moi-même ! Hier vers 15h45 nous étions devant le garage avec Edgar.  Les trois bolides arboraient fièrement leur couleur bleue flashy et n’attendaient plus que nous ! En bon professeur, le vieil homme nous a montré les principales pièces qui constituaient nos quads et fait avec nous les vérifications principales : pression des pneus, huile, liquide de refroidissement, batterie… Après quelques recommandations de sa part, nous étions partis.

Direction Rockspear ! Une fois arrivés au niveau du fleuve nous sortîmes des sentiers battus. Le bruit des moteurs résonnaient dans la forêt, de la fumée de poussière se dégageait dernière nous et le bruit au combien agréable des branches qui craquent sous les roues se répandait en écho. Après une dizaine de minutes, je découvris une petite descente menant au fleuve. Celle-ci était de bon augure car elle nous permettait de nous retrouver dans le lit de la rivière et ainsi d’éviter les désagréments des branches cinglant notre visage. De plus, c’était une bonne manière d’avoir une vue globale de ce qui nous entourait (plus facile et rapide si nous voulions trouver le Koala). Nous la prîmes donc.


Une étendue de sable s’ouvrit à nous. Le soleil projetait l’ombre des arbres sur ce désert encore immaculé de toute trace humaine et réchauffait l’atmosphère. Au milieu de ce désert, des groupes d’arbres se dressaient sur des petites îles formées par l’eau de la « Wet season » (saison humide). Nos Quads marquèrent le sol mou, qui de dérobait sous nos roues. Rien de plus agréable que de parcourir cette immensité. La douceur du soleil et le vent caressaient ma peau desséchée par la poussière et le sable.
Je décidais de prendre à droite un étroit chemin pour remonter sur une des îles, mais mon quad resta prisonnier du sable. Reculer avancer, reculer avancer…Ne pas s’arrêter. Le quad se démena puis avança de quelques centimètres à reculons. Génial ! Ne pas s’arrêter, accélérer… Au loin, le bruit des moteurs s’éloignait…. Je repris de l’élan et le bolide passa sans broncher. Super !!!
Après un certain temps d’attente, un quad arriva, c’était Tim.
« Où est Amélie ?
- Elle est partie devant, m’informa t’il. »
Il partit à sa recherche, puis comme je le voyais au loin s’éloigner, je décidai de le suivre. Un bruit de moteur m’arrêta dans ma lancée, Amélie!!! Située au niveau de la pente, elle était elle aussi, coincée par le sable. Au loin, Tim continuait sa trajectoire rectiligne à une allure folle, il s’amusait bien ! Nous décidâmes de le rejoindre. Sans doute pensait-t-il qu’Amélie était encore devant… Au milieu de notre course un témoin rouge s’alluma sur mon tableau de bord : liquide de refroidissement. Je décidai de m’arrêter. Amélie était devant moi, elle finira bien par se rendre compte que je ne la suis plus.

Que se passe-t-il?


J’éteins le quad, un bruit de bouillonnement se fait entendre. J’ouvre le couvercle en plastique coté latéral, un des bouchons n’est plus là, plus de liquide de refroidissement ! Il était temps que je me stoppe.

Après un moment d’attente, les deux Quads arrivèrent. La panne expliquée, Tim rajouta un peu d’eau du bidon (destinée au départ à nous hydrater) située sur le devant de son quad. On le ralluma, plus de témoin…Ouf !!!

Apparemment, de magnifiques paysages étaient à voir d’après les deux compères. Je laissai le quad au milieu du sable (plus prudent) et j’embarquai sur celui d’Amélie.
En effet, un peu plus loin, un mur de roches rouge et ocre se dressait devant nous. L’eau y étant présente en été, elle avait dessinée et sculptée des failles dans lesquelles nous pénétrâmes. Les Quads restés en bas, nous escaladâmes ses roches. Nous étions seuls, debout, silencieux, les yeux émerveillés par tant de beauté, regardant nos Quads devenus si petits. Le fleuve devenu sable, s’étendait de l’autre coté sur une distance qui me semblait infinie.



En redescendant, nous aperçûmes des traces de pattes, il s’agissait probablement de celles d’un dingo, chien sauvage aux allures de loup, dont les hurlements se font entendre parfois la nuit.


Le temps passa vite, déjà le soleil devenait moins fort et glissait derrière les arbres. Sur le chemin du retour nous allions doucement afin de ne pas avoir d’autres problèmes avec les quads. Un c’est déjà bien assez ! =)

Arrivé à destination, nous informâmes Edgar de ce petit incident. « Ce n’est pas grave nous dit-il, on verra ça demain. »
Génial cet Edgar ! Merci, mille fois merci pour ce cadeau ! A défaut d’avoir aperçu le koala nous avons découvert une partie de Mont Norman que peu de gens connaissent… J’en ai des images plein la tête et nous essayerons de refaire ça un autre jour, aller un peu plus loin, explorer de nouveaux lieux ! Mont Norman nous cache encore bien des choses !

A plus tard !!!!!


« J’ai la nostalgie d’une de ces vieilles routes sinueuses et inhabitées qui mènent hors des villes... une route qui conduise aux confins de la terre... où l’esprit est libre...  »  Henry David Thoreauml 

11 juillet 2014

"On se lasse de tout, excepté d'apprendre." Virgile

Depuis le début  de la semaine, Edgar m’a postée au bureau.  La période « non-stop dehors » est terminée pour un moment : toutes les bonnes choses ont une fin !

La vie au grand air!!!
Mais comme nous le savons tous, la fin de quelque chose peut être appréciable car elle signifie le commencement d’une autre. =) Ainsi au lieu de nourrir les bêtes et d’être à l’atelier -ce qui était plus de l’ordre du manuel-, je suis maintenant en poste au bureau, un peu moins physique!

Le bureau est un espace situé dans le renfoncement de la maison. Chez Edgar tout reste ouvert de jour comme de nuit ainsi une fois le matin arrivé, il est difficile de le réchauffer car de l'humidité s'y est accumulée : il y fait froid…très froid. Je suis généralement couverte de la tête aux pieds : équipée d’un pantalon, de deux paires de chaussettes,  d’un pull et de mon écharpe il me manque juste le bonnet et les gants pour parfaire mon équipement! Malgré la présence d’une grande fenêtre qui donne vue sur le jardin (ce qui est très agréable) celui-ci reste néanmoins très sombre à cause d’arbres plantés juste devant.
Lundi quand je suis arrivée, les factures s’étaient accumulées depuis une bonne semaine, les dossiers à ranger formaient une pile et les classeurs ne demandaient qu’à servir.
Bref, ce lieu complètement opposé à mon environnement de travail ordinaire m’était relativement hostile au premier abord.

Et pourtant aujourd’hui, j’aime comparer cet endroit à une vielle boîte poussiéreuse -à laquelle on ne prête pas attention soit parce qu’elle n’est pas jolie, soit parce qu’elle nous parait inaccessible- et qui pourtant renferme des trésors !

« Apprendre, c'est déposer de l'or dans la banque de son esprit.  »
Shad Helmstetter
Extrait de Le Pouvoir de motivation intérieur

En effet, le bureau est une mine d’or d’informations en tout genre, de documents en Anglais, de lettres, de logiciels, de projets… Et tout cela est très intéressant !
Les deux premiers jours, je dois avouer que ce n’était pas facile : je n’arrivais pas à utiliser le logiciel de comptabilité, je ne savais pas trop où je devais ranger les dossiers, écrire un mail m’était très long et je me perdais dans un flot de vocabulaire totalement inconnu ; au téléphone je ne comprenais rien, j’avais l’impression que les gens me parlaient à une allure folle !

Lecture passionnante du journal! =)
Je ne pouvais pas rester sans rien faire, donc je me suis attaquée aux différents problèmes qui se posaient.
Ainsi depuis mardi, j’ai tout le temps sur moi un dictionnaire bilingue : dès que je ne connais pas un mot je le cherche et je l’écris sur une feuille que j’ai nommé « vocabulaire bureau ». Tous les soirs je parle avec Edgar au moins trente minutes, j’essaye ainsi de tenir une discussion le plus longtemps possible. Enfin, avant de m’endormir,  je lis quelques pages du journal de la semaine qu’Edgar m’a gentiment donné. Pour ce qui est du téléphone, je fais de mon mieux, je me concentre,  je fais répéter mes interlocuteurs, et si je ne comprends vraiment pas je prends leurs numéros de téléphone ! De plus, les factures sont un bon moyen d’élargir mon vocabulaire, l’ordinateur regorge de mails qui me permettent de travailler l’écrit et quand le téléphone sonne j’améliore mon écoute! C’est parfait !!!

Ma mine de vocabulaire!
Edgar a conscience des efforts que je fais et aime me voir galérer sur certaines tâches, cela l’amuse beaucoup ! C’est également un bon professeur, il m’explique clairement les choses et sait être à l’écoute de mes questions.

Déjà au bout d’une semaine, je sens quelques améliorations : mon anglais est plus fluide, je comprends mieux Edgar et je commence à trouver mon organisation pour réaliser les différentes tâches. A l’heure actuelle beaucoup de temps et d’efforts mais je sens qu’avec un peu de pratique ça viendra !

Le bureau est aussi l’occasion d’avoir un vue globale sur l’exploitation, les rentrées et les sorties d’argent, l’organisation des journées… Et puis quand vous êtes toute la journée dans le bureau, je peux vous assurer que le Smoko est d’autant plus agréable ! Généralement je me pose au soleil et je me réchauffe en dégustant des fruits secs, un peu de corde à sauter pour me dépenser et me voilà repartie! J


Bref, vive le bureau (avec modération quand même !) !!! J’ai hâte de retravailler dehors lundi avec le commencement du Muster (une petite définition arrivera prochainement)!

G'day!!!!


5 juillet 2014

De retour à Richmond! =)

Jeudi,  jour d’arrivée de Timothée. Edgar s’est rendu à Richmond et je l’ai accompagné.
Nous sommes partis vers 10 heures juste après le Smoko  « See you soon Amélie ! ». 
Sur la route Edgar roule à une vitesse effrénée : 110 km/h sur des chemins de sable. Le bolide vole sur les bosses. On parle. Je lui pose des questions sur tout ce qui nous entoure : la faune, la flore, les habitants, le rapport qu’il a avec les gens du Bush, de Lara, l’autre Cattle station qu’il possède.

Entre deux forêts, des paysages aux allures de prairie se dessinent à perte de vue. De l’herbe jaune brunie par le soleil et le manque d’eau de la « dry season » (saison sèche) agrémentée de quelques arbres éparpillés.


Pourquoi ce changement soudain ? Edgar m’explique. Ces étendues viennent tout droit de la main de l’homme, de gros bulldozers ont rasé les arbres qui s’y trouvaient pour laisser place à des prairies. Chaque année, même refrain l’Homme stoppe la nature rebelle.
Pour les Beef produceers cela a un double avantage : une quantité d’herbe plus importante pour les vaches et plus d’espace.
Cette beauté d’apparence naturelle m’est tout de suite devenue moins agréable à regarder. Elle était pour moi, devenue le symbole de la destruction des équilibres naturels.
Mais les choses changent, et les quelques arbres présents sont le signe d’un renouveau. Depuis le protocole de Kyoto, toutes ces prairies aux alentours de Mount Norman sont passées à l’état d’espaces naturels, il est donc maintenant interdit de raser les arbres.
C’est un grand pas en avant concernant la sauvegarde des espèces qu’elles soient animales ou végétales. Doucement, la nature reprend ses droits et les paysages reprennent leur allure d’antan.
Cependant, de telles mesures aussi bénéfiques soient-elles pour l’environnement ont provoqué ventes et faillites. Les farmers du Bush, alors que cette mesure impactait leur espace et donc leur rendement, n’ont pas reçu d’aide de l’état...  Et ce n’est pas un cas à part.

J’aimerai citer Pierre Rabhi qui avait écrit dans son livre Manifeste pour la Terre et l’humanisme :

 « La survie de l’espèce humaine ne pourra se passer de l’intégration de deux notions fondamentales : le respect de la terre, comme planète à laquelle nous devons vie et dont nous ne pouvons-nous dissocier, et l’avènement de l’humanisme seule perspective capable de donner un sens à l’histoire de l’humanité ».

La protection de l’environnement est importante certes, mais l’accompagnement des « victimes » de certaines lois l’est aussi, je pense.

Quelques mètres avant l’entrée en ville, Edgar se met sur le bas-côté. Il attend quelques secondes et…met sa ceinture ! Comme je l’avais mise dès le départ la question ne se posait pas pour moi. Ici c’est la ville et ville=police donc on met la ceinture, « Pas envie d’avoir à payer encore une fois ! » marmonne le vieil homme =) Ok Ok!

Arrivés à Richmond, nous passons par différents commerces : la poste, le supermarché, la librairie, le mécanicien, la banque, la croix rouge…Pas une minute de répit. A chaque fois Edgar me présente, les Australiens me font de grands sourires et me posent des questions.

Il faut que je vous parle de la croix rouge. C’est LE magasin shopping de la ville ! Tout le monde s’y rend. L’espace est répartie en plusieurs pièces : une grande pour les vêtements et chaussures femmes, une autre de taille équivalente pour les CD et DVD, enfin une plus petite (de la taille d’une salle de bain) pour les vêtements hommes. Edgar vient ici pour récupérer des sacs de vêtements usagers lesquels seront destinés au nettoyage des mains  généralement couvertes d’huile ou de peinture lors des après-midis au shed.
Pendant que le farmer part chercher ses sacs, une des bénévoles vient me voir.
Cette dame d’origine asiatique est adorable, souriante et bavarde. Arrivée depuis deux ans à Richmond elle ne quitterait cet endroit pour rien au monde. "On s’y sent bien, tout le monde se connait et la confiance règne".
En effet, la confiance règne…Les voitures garées sont toutes ouvertes en grand, les gens laissent les clés à l’intérieur et même leur sac. C’est une autre manière de penser. Je vous avoue que lorsque je quitte la voiture je prends toujours mes affaires, cela amuse Edgar =)

Midi. On mange dans le seul endroit où il est possible de grignoter quelque chose : un restaurant fast-food. Edgar est un habitué, les vendeuses savent d’avance ce qu’il va prendre. Nourriture indescriptible ! Même Edgar ne sait pas ce qu’il ingurgite ! « Ça nourrit » me dit-il. Une bouteille de ketchup fait le tour du restaurant. Les gens en asperge tous leurs aliments… Pour cacher le goût ? Vu la quantité, je me le demande ! Du fait de mon régime alimentaire impossible de manger quoique ce soit, je me contente donc du Smoko pris à 10 heures.
Edgar me fait lire le journal, on divague sur d’autres conversations et notamment l’accent Australien. On a des fous rires ! Surtout sur le fait que les Australiens coupent tout le temps les mots. Ainsi le «  How are you going ? » (Comment allez-vous ?) devient un genre de «oayougoin », le « Good Day » (bonjour) «  Gooda »  et quand un Anglais arrive avec son accent parfait les Australiens aime le taquiner « You are in the Bush, man ! ».

Kangourou!!!! =D
13h35- un bus arrive. Nous sortons. Un garçon un peu perdu sort du bus. Il s’agit de Timothée. On lui prend sa valise et on se met en route. Content d’être arrivé après une dizaine d’heure de bus, il s’émerveille devant les paysages de toute beauté.

Bienvenu Timothée ! Bienvenu dans le Bush et ses routes sans fin, son soleil infini et ses kangourous! Tu prendras vite j’en suis sûre, le goût du sable, de l’espace et tu connaîtras bientôt toutes les sensations qui nous entourent si difficiles à décrire mais tellement appréciables…


Bon weekend !
  

3 juillet 2014

AVGAS

Salut tout le monde !!!

Après quelques jours sans internet me revoilà !

Samedi et ce pendant trois jours, Edgar m’a mise à la peinture ! Le muster va bientôt arriver (dans une semaine et demi) et l’hélicoptère aussi.  Celui-ci a besoin d’essence (AVGAS) et il faut pouvoir le stocker quelque part. Ainsi, mon travail consistait à rénover d’anciens bidons (les drums) afin d’y mettre le fameux liquide. Cinq en tout, auparavant couleur rouille, maintenant gris clair et couvercle jaune où désormais le mot « AVGAS » est peint en lettres noires majuscules.


Tout cela fut le fruit de plusieurs heures de travail qui n’était pas difficile en soi mais qui nécessitaient patience et rigueur. Edgar a des attentes bien précises concernant le devenir de ses vieux bidons, la police d’écriture, les couleurs, la manière de peindre…  J’ignorais à quel point de simples contenants pouvaient être l’objet de tant d’attention !
Bref  après avoir remercié mon papa de son aide précieuse en mécanique, je remercie ma tendre maman pour ses conseils en peinture (Comment tenir son pinceau, ouvrir et refermer le pot,  quelle peinture appliquer, nécessité de la sous couche sur certaines surfaces…) qui m’ont permis d’éviter de nombreux problèmes…
A l’issu de ces quelque jours de peinture je peux affirmer une chose, la peinture à l’huile ne part que très difficilement des habits et de la peau ! Chaque soir même après une bonne douche il me restait de la peinture sur mes mains et le visage ! J’ai vu pendant plusieurs jours la vie en jaune, bleu, gris et noir ! Ainsi j’ai décidé de nommer cette partie de mon aventure : la période multicolore !



Mardi matin tous les barils étaient prêts. Edgar les a chargés sur Neige (pour rappel Neige est le nom du véhicule qui est de couleur blanche) puis sanglés pour éviter qu’ils ne tombent.  En effet, il nous a chargé Amélie et moi d’aller les remplir dans l’après-midi car un camion plein arrivait dans une ferme voisine (ici voisin= 1 heures et demi de route).

Nous sommes arrivées là-bas vers 15 heures. Sur place nous avons rencontré l’éleveur et son fils qui nous ont recommandé de suivre le camion qui venait juste d’arriver. Ce dernier dégageait une forte fumée de poussière derrière lui. Asphyxie totale !!!


Il a finalement arrêté sa course près d’une citerne à proximité d’un avion situé dans un hangar. Un homme de forte corpulence est descendu, il transpirait. La sueur qui dégoulinait de son front absorbait la poussière qui restait en suspension formant des gouttes marrons. 
Nous lui avons fait comprendre ce que nous voulions à l’aide de gestes, il a dû nous prendre pour des folles ! Le conducteur amusé nous a servie d’AVGAS et une fois le remplissage terminé il nous a aidées à repositionner les bidons sur la palette en nous conseillant d’aller lentement sur le chemin du retour. « Be careful… ».



Petit signe de main et nous voilà reparties ! Doucement…Trop doucement peut être…30 à 40 km/heure. Sur une route d’habitude quasi déserte nous avons réussi à nous faire doubler près de deux fois par… des camions !!! Encore une fois asphyxie totale: la voiture était remplie de poussière !



Nous roulions depuis un moment avec Neige, qui je le rappelle n’a plus de rétroviseurs, quand nous avons décidé de faire une petite pause photo ! Doucement j’ai  ralenti  et commencé à réaliser un petit demi-tour  pour me positionner devant un panneau de signalisation. En travers de la route, je regarde sur le côté. Bouche bée, je fais signe à Amélie de tourner la tête. Deux gros camions nous faisaient face arrêtés et attendant que nous réalisions notre manœuvre ! Je peux vous dire que ça fait sacrément bizarre de se retrouver face à de tels engins…


Le reste de la route s’est passé sans encombre (heureusement !). Nous avons tout de même croisé un troupeau de vaches accompagnées de Cow Boy sur leur chevaux! Ils faisaient le Muster! :)

Ce soir-là, nous avons fait la connaissance de deux amis d’Edgar : Martin et Amanda. Un couple adorable qui réalise la traversée de l’Australie avec leur caravane. Ils font escale chez Edgar pendant quelques jours. Leur caravane (immense -comme tout ce qui se trouve en Australie- ;)) est positionnée juste en face ne nos chambres tout comme leur 4X4 (immense également) !
Le soir de leur arrivée nous avons eu le reflex de vouloir faire une bise pour dire bonjour. Amanda a compris mais son mari est tout de suite devenu distant. Nous nous sommes excusées et avons expliqué que nous n’avions pas fait exprès…  « Don’t worry ! » nous ont-ils gentiment répondus.
Leur compagnie nous fait beaucoup de bien, ils apportent de la fraîcheur et de la joie dans la « Cattle station ». Ils nous regardent travailler, nous parlent et visitent les environs. Amanda nous cuisine plein de gâteaux et fait la cuisine pour nous « pour que l’on se repose » dit-elle ! Adorable !!!

Au cours des précédents repas en leur compagnie, je me suis rendue compte que les Australiens n’avait pas la même vision du repas que chez nous. Ici la viande est l’aliment principal, ils peuvent se faire un repas uniquement constitué de viande ! Le reste vient en accompagnement. Pauvre Edgar à qui nous « imposons » nos repas français… Je leur ai demandé si la plupart des Australiens avaient le même régime alimentaire qu’eux et ils m’ont affirmé que c’était le cas, du moins dans le bush =)
Le deuxième soir de leur venue, Edgar et ses amis nous ont préparé un petit feu autour duquel ils avaient disposé des chaises. Les bûches se consumaient dans un poêle. Très agréable cette soirée ! Nous avons surtout parlé de la culture Australienne, de la place importante accordée au sport par leur nation et des animaux sauvages Australiens. J’ai appris à différencier les bons des mauvais animaux comme les serpents et les crocodiles mais aussi à reconnaître certaines espèces du Bush.

Au menu devinez quoi ? De la viande ! Elle baignait dans une sauce plus que douteuse qui ne sentait pas très bon… Amanda avait tout de même préparé des pommes de terre à coté ainsi que des petits pois mais les portions que l’on pouvait prendre étaient ridicules. J

A plus tard pour l’arrivée d’un nouveau collègue de travail: Timothée! =)


PS : en faisant le ménage de la maison juste avant que les invités n’arrivent un lézard congelé a été retrouvé par Amélie dans le congélateur ! Je travaillais dans le bureau et Edgar me l’a « gentiment » donné, c’était très gentil de sa part mais je me suis enfuie en courant pensant qu’il était vivant !